Putnisite

Même en minéralogie, qui pourrait paraître une science figée et inerte, il y a des scoops : les Australiens ont découvert une nouvelle pierre dans la mine d’Armstrong, péninsule de Polar Bear en Australie Occidentale. Vous ne voyez pas là matière à faire un scoop ? Ben si, quand même parce que cette pierre a une composition chimique (relativement complexe d’ailleurs) qui fait qu’il est impossible de la classer dans une famille minéralogique répertoriée à ce jour.

Quelques explications ? Mais d’abord une photo de cette nouvelle « espèce » de pierres :

putnisite

Il faut savoir qu’il y a plusieurs groupes minéralogiques dûment répertoriés :

Les éléments natifs qui sont composés d’un seul élément pur comme le souffre (S), le fer (Fe), le graphite (C), le diamant (C), le cuivre (Cu)…
Les silicates qui comportent un élément composé de silice (Si) et d’oxygène (O) comme le quartz (SiO2), l’olivine (Mg, Fe)2SiO4…
Les oxydes qui sont composés d’oxygène (O) et d’un autre élément comme l’hématite (Fe2O3), le corindon (Al2O3), l’eau (H2O)…
Les sulfures qui contiennent bien sûr du souffre (S) et un ou plusieurs métaux comme la galène (PbS), la sphalérite (Zn, Fe) S…
Les sulfates qui contiennent aussi du souffre (S), avec de l’oxygène (O) en plus et de nouveau un ou plusieurs métaux comme le gypse (CaSO4 . H20)…
Les halogénures : qui sont composés d’un métal dit halogène (chlore, brome, fluor, iode, astate) comme votre sel de cuisine, appelé aussi halite (NaCl)…
Les carbonates, composés d’un métal ou semi-métal, de carbone (C) et d’oxygène (O) comme toutes les calcites (CaCO3)…
Et enfin les phosphates qui comportent un élément de phosphore (P) et d’oxygène (O) comme la monazite (Ce,La,Y,Th)PO4…
Vous suivez bien ? Courage, le plus dur est passé ! Et notre putnisite ne peut être classée dans aucun de ces groupes, avec sa formule chimique SrCa4Cr(CO3)8SO4(OH)16 . 23H2O où l’on retrouve du strontium, du calcium, du chrome, du carbone, du soufre, de l’oxygène et de l’hydrogène.

Jusqu’à présent, c’est le seul minéral qui n’appartient à aucun des groupes minéralogiques connus : il méritait donc bien un petit détour.

Il a été baptisé en l’honneur des minéralogistes australiens Andrew et Christine Putnis.

Mais après la belle histoire de la ringwoodite, on peut dire que la putnisite a un destin plus sombre.

En effet, sa découverte en 2007 s’est produite à proximité du site abandonné d’une ancienne mine de nickel.

L’association minéralogique internationale (I.M.A.) a reconnu officiellement et répertorié la putnisite en 2012 sous le numéro officiel IMA-2011-106.

(Photo: Wikimedia)

Par la suite, un collectionneur local de minéraux a enquêté sur la mine et découvert quelques autres spécimens de putnisite. Peu de temps après la collecte, les parois se sont effondrées et ce qu’il reste peut-être de la putnisite est maintenant enterré sous des tonnes de terre…

Il en est donc de la putnisite comme de l’eau de la ringwoodite : vous n’en verrez sans doute jamais la couleur…

J’ajouterai encore que la putnisite a une dureté assez faible de 1,5 à 2 sur l’échelle de Mohs, ce qui en fait un minéral fragile, plus tendre qu’un de vos ongles (surtout celui de votre gros orteil !). Elle appartient au système cristallin orthorhombique.

Compte tenu du nombre limité d’échantillons prélevés, je n’ai trouvé à ce jour aucun élément de lithothérapie sur la putnisite. Normal… et vraiment dommage : vous imaginez quel complexité de symptômes un tel minéral devrait pouvoir traiter, compte tenu de sa composition chimique?

Pour le plaisir du rêve, essayons de décoder :Le strontium : favorise la résistance du squelette, lutte contre l’ostéoporose et les douleurs osseuses et prévient la carie dentaire.

Le calcium : il est présent à plus de 80% dans le squelette. Il favorise la tension musculaire et active de nombreuses vitamines. Il a un rôle majeur dans la santé des os et c’est un bon régulateur cardiaque. Il joue également un rôle dans l’équilibre nerveux et améliore l’endormissement. Il agit également contre l’empoisonnement au plomb.

Le chrome : relance l’énergie vitale en cas de fatigue ou de convalescence. Il aide à assimiler les glucides. Il est hypotenseur et anti-stress et il favorise le bon cholestérol.

Le carbone : c’est un anti-infectieux des voies digestives. Il joue un rôle dans les troubles hépatiques et amplifie les réactions immunitaires.

Le soufre : a un rôle de première importance pour la peau, les ongles, les cheveux. C’est un constituant des os, des dents et du collagène. Il régule les fonctions biliaire et hépatique. C’est un antiallergique, un anti-vieillissant, un anti-inflammatoire et un dépuratif de même qu’un anti-infectieux intestinal. Il lutte contre les affections rhumatismales et respiratoires. C’est un bon allié contre le cholestérol et il apporte une bonne protection contre les métaux lourds.

Faites donc un melting pot avec tout cela en ne perdant pas de vue que l’association de ces divers éléments rassemblés doit donner une combinaison dont les effets cumulés seront plus importants que la somme des effets de chaque élément pris séparément… Alors la putnisite ? Pour avoir des os en béton ? Pour lutter contre le mauvais cholestérol ? Pour se débarrasser des résidus de métaux lourds des vieux amalgames dentaires ? Ou tout simplement pour faire un gros dodo ?

Faites de doux rêves…